La notion de chien de race est généralement la même de Paris à Tokyo en passant par New York ou Londres. Il s’agit d’un chien dont les caractéristiques somatiques et psychiques sont conformes aux prescriptions d’un standard officiel. Du premier coup d’œil, l’observateur peut lui attribuer une appartenance à une race précise . Mais cet examen visuel ne suffit pas: il faut également que le chien en question, au-delà de sa singularité anatomique, soit inscrit à un livre des origines reconnu. C’est de cette notion d’inscription à un registre généalogique reconnu que découle la notion de pedigree, donc de chien de race. La cynophilie officielle a encore de nombreux siècles devant elle !
Le chien de race dans le monde
Au cours des 40 dernières années, le chien inscrit a connu une croissance très importante de ses effectifs, et ce phénomène n’est pas prêt de s’arrêter là !
Origine
Prenons l’exemple de la France, qui est à ce jour le seul pays au monde où l’appellation chien de race est l’exclusivité des chiens inscrits à un livre généalogique (LOF). En effet, un chien présentant au plus haut point les caractéristiques distinctives de sa race mais non inscrites à un livre officiel ne pourra, en France, se prévaloir de l’appellation d’une race précise. On dira plutôt « chien type ».
Légalement, les petites annonces relatives au marché du chien fleurissent de propositions, telles que « chiots de type Yorkshire » ou chiots disponibles « d’apparence Labrador » non LOF. Cela signifie très clairement que la justification d’une généalogie reconnue prévaut sur les qualités de type et de caractère du sujet considéré.
La sélection généalogique remonte à la fin du XIXè siècle et représente aujourd’hui plus de 30 générations d’élevage. L’instauration récente dans certaines populations de races d’un test de filiation (ADN) est devenu effective et va sans doute se généraliser. Cela permettra d’améliorer la crédibilité d’une généalogie (l’authenticité d’une filiation) et de ce fait, de fiabiliser les programmes de sélection des clubs de race.

Chien de race et population canine globale
Grande question qui revient très régulièrement dans les articles de nombreux experts : Quelle est la taille de la population canine dans le monde ? Selon différentes sources, ce chiffre varie de 600 millions d’individus à plus de 3 milliards. La connaissance d’une population canine dans un pays donné dépend souvent de la mise en place d’un système d’identification fiable (tatouage et/ou puce) qui permet avec une marge d’erreur faible, de connaître la population canine à une période donnée.
Certains pays comme la Suisse et l’Autriche contrôlent leur population canine au moyen d’une taxe obligatoire, qui doit être payée chaque année pour chaque propriétaire. Il s’agit d’une sorte de « vignette canine » qui permet de contrôler l’extension démographique d’une population canine, mais également de générer de substantiels revenus aux organismes régionaux ou fédéraux.
Au sein de cette population canine globale, la population de chiens de race est souvent plus facile à déterminer, car chaque individu est dûment répertorié dans un livre généalogique. Chaque année plus de 35 millions de chiots de race naissent dans le monde, et sont inscrits dans les livres généalogiques de leur pays respectifs. En extrapolant, avec une espérance de vie moyenne de 9 à 10 ans, la population de chiens de race peut être estimée à plus de 35 millions d’individus aujourd’hui, ce qui signifie qu’actuellement la population de chiens de race inscrit à un livre est à peine supérieure à 5% de la population canine mondiale.
Les plus grandes organisations canines
Le chien de race, de par sa diversité est en croissance depuis plus de 20 ans. Actuellement, au niveau mondial, près de 100 pays sont impliqués dans la sélection du chien de race; chacun d’eux justifie d’une instance officielle nationale, généralement reconnue par le ministère de l’Agriculture du pays et dont le rôle est, d’une part de superviser l’ensemble des activités liées aux chiens de race (expositions, championnats nationaux, championnats internationaux, épreuves de travail…), et d’autre part, ce qui est son rôle premier, de tenir et gérer un livre généalogique officiel pour l’espèce canine.
L’Organisation mondiale du chien de race est divisée en 4 grands pôles :
- En Grande Bretagne : Le Kennel club qui est la doyenne des fédérations canines nationales dans le monde et qui par le nombre de pedigree délivrés chaque année, est la plus importante en Europe, avec près de 250 000 chiots inscrits chaque année.
- En Amérique du Nord : L’american Kennel Club (USA) fondée en 1882, qui demeure la plus importante fédération canine nationale dans le monde. Plus de 900 000 chiots sont enregistrés chaque année dans son livre généalogique. Petite sœur de l’AKC, le Canadian Kennel Club qui gère toutes les activités canines dans ce vaste pays et qui enregistre Près de 80 000 chiots.
- Pour le reste du monde : La Fédération cynologique internationale fondée en 1911 dont le siège est à Thuin en Belgique et qui coordonne 84 entités nationales représentant plus de 2 500 000 chiots inscrits chaque année! C’est le Japon, avec le Japan Kennel Club en Asie qui est actuellement la plus importante organisation nationale au sein de cette fédération avec plus de 530 000 chiots de race inscrits chaque année. En Europe continentale, la plus importante fédération est le Russian Kennel Federation qui avoisine les 200 000 chiots inscrits par an devant la France (170 000) et l’Italie (130 000).
Soulignons que la FCI reconnaît aujourd’hui 2 fois et demi plus de races que sa consœur américaine (AKC) et 75% de plus que le Kennel club anglais. Mais cette diversité, qui ne cesse de s’amplifier depuis les années 1990, n’explique pas la croissance globale des naissances. En examinant les statistiques de chaque pays membre, il est clair que nous sommes souvent dans un rapport de 20/80, ce qui signifie que 20% des races reconnues représente 80% de l’ensemble des inscriptions (déclaration faite par les éleveurs auprès de leur société canine nationale).

Le top 25 des pays cynophiles
Sur la centaine de pays possédant une entité cynophile nationale (Kennel club), 25 représentent plus de 90% des inscriptions totales de chiots de race. Le chien de race gagne au fil des années des « parts de marché » au sein d’une population canine globalement stable. Les années 2000 sont celles de la croissance à quelques exceptions près. Ces 25 pays qui représentaient 3 064 336 inscriptions en 2002 en représente 3 213 539 en 2005. De nouveaux venus comme la Chine, ne figurent pas dans ce tableau, mais le rythme de croissance observée ces dernières années dans ce vaste pays montre que d’ici quelques années, la Chine intégrera le top 20 des nations cynophiles. Idem pour l’Inde, dont le Kennel Club fondé par les Britanniques au 19è siècle connaît une croissance de ses effectifs depuis une décennie.
Les autres pays non affiliés à la FCI
- États-Unis (AKC)/ Canada : Sporting, Hund, Working, Terrier, Toy, Non sporting, Herding
- Australie/ Nouvelle-Zélande : Toys, Terriers, Gundogs, Hounds, Working dogs, Utility, Non sporting
- Royaume-Uni : Hound group, Gundog group, Terriergroup, Utility group, Working group, Pastoral group, Toy group
- États-Unis (UKC) : Guardian dog, Scenthound, Sighthound and Pariah, Gundog, Northern breed, Herding dog, Terrier, Companion dog
Cap sur la diversité
L’offre en matière de chiens de race n’a jamais été aussi importante que ces dernières années! Il existe cependant des différences d’une fédération à l’autre. Le record, pour l’instant, appartient au pays FCI qui reconnaissent de façon mutuelle 357 races de chiens différentes. Leur reconnaissance se fait en 3 étapes : sélection régionale réalisée par un groupe d’éleveurs qui sélectionnent « leur race » sur des critères morphologiques et comportementaux qui sont la plupart du temps indexés dans un document appelé standard. Puis arrive l’examen national, qui se joue au niveau de l’instance officielle du pays à partir d’une grille répertoriant le nombre de sujets de lignées, les résultats d’examens morphologiques, la rédaction d’un standard sur le modèle FCI, l’appartenance à un groupe donné, etc.
Lorsque la race est reconnue officiellement par son pays d’origine, ce dernier dépose un dossier à la FCI. Cette dernière, par le biais de sa commission scientifique et celle des standards, peut accepter une reconnaissance probatoire avant la reconnaissance définitive. Le Berger blanc Suisse, le Russkiy Toy, le Stumpy Tail Cattle Dog (Australie), Le Mioritic (Roumanie) font partie des races reconnues récemment.
Mais, cette diversité n’est pas la même partout. Le Kennel club au Royaume-Uni en reconnaît près de 210 tandis que l’American Kennel Club en reconnaît 158, les plus récentes étant le Mâtin de Naples en Italie et le Dogue de Bordeaux en France. Les critères de reconnaissance sont différents et actuellement, la palme de la diversité appartient à la Fédération cynologique internationale (FCI).
En examinant les statistiques de naissance des principaux pays cynophiles, nous ne pouvons que constater que l’émergence de nouvelles races reconnues n’induit pas obligatoirement le développement de la demande. En effet, dans la plupart des pays leaders, le top 20 des inscriptions représente très souvent plus de 50% de l’ensemble des inscriptions totales. Un classicisme de bon aloi demeure dans l’espace du chien de race. Aux USA, ce phénomène est encore plus significatif: sur les 920 000 chiots de 153 races différentes enregistrées par l’AKC en 2005, la moitié provient d’une douzaine de races différentes, dont le Labrador (137 867 chiots inscrits), le Golden retriever (48 509) et le Yorkshire terrier (47 238).

Les races canines les plus populaires : pas de surprise chez les leaders !
En analysant les races les plus populaires dans une vingtaine de pays, il est clair que certaines vedettes apparaissent clairement comme les plus élevées dans le monde : Labrador retriever, Golden retriever, Yorkshire terrier, Berger allemand, cocker anglais, caniche et teckel demeurent des valeurs sûres dans l’univers du chien de race !
Une tendance qui s’affirme avec les Toys et les Minis
Au delà de la popularité des races suscitées, il apparaît clairement qu’une tendance de fond se dessine dans la cynophilie mondiale, celle des chiens de petite taille et de poids réduit inférieur à 5 kilos, qui voient leur population progresser fortement depuis une décennie.
En résumé
Le chien de race fait bel et bien partie de notre quotidien et depuis une vingtaine d’années, il a gagné des « parts de marché » au sein de la population canine en général. Si les grands classiques comme le berger allemand, le Labrador, le Rottweiler, le Golden retriever ou le cocker anglais demeure incontournable dans le groupe des races canines les plus populaires, nous assistons à une poussée continue depuis 10 ans des chiens de petit format. Le phénomène amorcé en Asie, au Japon puis dans les pays voisins (Philippines, Thaïlande, etc) s’est propagé sur d’autres continents comme en Amérique latine, avec le Brésil et l’Argentine qui voient la demande de races « Toys » se développer à très grande vitesse. En Amérique du Nord, notamment aux États-Unis, la tendance est la même et il est clair que la proportion des races de petits formats va continuer à s’accroitre dans les prochaines années. En Europe, continent fait de contraste, la tendance est moins visible. En Italie, en Espagne et en France, quelques minis continuent de gagner des places, mais ce phénomène est à peine perceptible dans des pays comme le Portugal, L’Allemagne ou la Belgique, où le chien de plus de 25 kilos demeure la « norme ».
L’ensemble de ces sociétés canines qui se reconnaissent mutuellement sur les 5 continents inscrivent chaque année, près de 3,5 millions de chiots de race dans leurs livres généalogiques respectifs. Et sans croissance exceptionnelle, la population de chiens « avec pedigree » ne peut que croître au sein d’une population canine relativement stable. En France, la remarquable croissance de race comme le bouledogue français, le cavalier King Charles, le Yorkshire,le Shih tzu et le West Island White terrier (Westie) confirme que ces petits chiens peuvent voir l’avenir en rose. Les goûts et les couleurs des cynophiles évoluent et dans une société où plus de la moitié de la population vit en zone fortement urbanisée il est clair que pour des raisons de commodité et de place les petits chiens vont croître de façon inéluctable.


Si les grands classiques comme le labrador, le berger allemand, le Cocker anglais ou encore le Golden retriever demeure incontournable dans le groupe des races canines les plus populaires, nous assistons aujourd’hui à une poussée continue depuis une dizaine d’années des chiens de petit format.